Histoire et patrimoine

17 novembre 2023

 

Erbrée ou « Erbreacensis » dans les actes latinisés à l’époque est devenue « Arbreia » en 1210 mais on lit « Erbreia » et en 1590, on écrit « Herbreia ». Erbrée pourrait bien être « l’herbregement » c’est-à-dire la « maison » principale du lieu et ses dépendances « avec pommeraie » (la « Haye ») dont il ne reste rien.

Erbrée du Moyen-Âge à nos jours

Le village est construit autour de son église. Ainsi, la 1ère mention de la paroisse d’Erbrée apparaît au début du XIIe siècle et appartient alors à la famille seigneuriale du lieu. En 1104, l’un de ses membres, Hervé, qui fait office de curé, s’attribue la propriété des droits afférents à l’église et en fait don à l’abbaye bénédictine de Marmoutiers près de Tours.

En 1199, elle devient propriété du prieuré de Sainte-Croix de Vitré. Au XVe siècle, quelques familles féodales influentes concentrent des fiefs entre peu de mains telle la famille Hay à Erbrée. Cette même famille sera entre autre au XVIe siècle à l’apogée de sa prospérité et un foyer actif de la Renaissance car cette aristocratie avec par exemple le chantier des Nétumières (château) est alors éprise d’art, de culture et de raffinement. Elle rivalise avec les nobles familles de Vitré par de luxueuses commandes.

Beaucoup de manoirs présents sur le territoire seront bâtis au cours des XVIe et XVIIe siècles, cependant à partir de la fin du XVIIe et au cours du XVIIIe siècle les constructions de logis, seront plus parcimonieuses du fait du recul économique de la production toilière (chanvre) de Vitré.

C’est donc au cours de XIXe siècle que beaucoup de châteaux sont construits ou restaurés à l’image des 2 principaux édifices de la région, l’Epinay et les Nétumières.

Depuis le 19 juillet 1845, la commune faisait partie du canton de Vitré-Est. Toutefois, un nouveau découpage territorial est entré en vigueur à l’occasion des élections départementales de 2015 et depuis le 18 février 2014, en application des lois du 17 mai 2013, elle fait partie du canton de Vitré.

Les plus anciennes maisons encore présentes peuvent remonter au XVIIe siècle, les écoles publiques et privées des filles datent respectivement de 1858 et 1860 et la mairie école des garçons fut construite entre 1893 et 1895. On peut aussi trouver plusieurs maisons des années 1920-1930.

L’église Saint-Martin (1857-1884)

 

Les anciens édifices des XIIe et XVe siècle ont donné place à l’actuelle église de style néo-gothique faite de grès, granit et calcaire. Elle a été édifiée sous la direction des architectes Audrouin et Gelly. Elle se distingue par ses proportions importantes (41 m de long et 18 m sous voûtes), mais surtout par son manque de clocher. En effet, la flèche originelle n’a jamais pu être réalisée, puisque les fondations ne l’ont pas permis au risque de la voir s’écrouler.

Son coût de construction a été acté le 7 février 1856 pour 71 802 Francs.

Elle possède 3 cloches prénommées et parrainées par les familles châtelaines du lieu, les familles Hay des Nétumières, Modeste de la Borderie et de Legge. Aline, la plus ancienne des cloches, a été cassée et refondue en 1633 puis en 1855. Louise-Agathe et Pauline-Emilie datent de 1839. Toutes les trois sont originaires de Villedieu-les-Poêles (Manche) et pèsent respectivement 500, 900 et 600 kg. L’horloge publique a été installée dans la tour fin avril 1924. Son presbytère, situé place Abbé Damon, a été restauré en 1847 et 1848.

Les Châteaux

CHÂTEAU DES NÉTUMIÈRES
(XVE – XXE SIÈCLE)

 

Le nom des Nétumières vient de l’ancienne famille le Neptun (Netum ou Neptum) présente à Erbrée dès le XIVe siècle. À la fin du XVe, la famille Hay lui succède et dès le début du XVIIe naît un véritable château à double enceinte et tours.

D’origine médiévale, il possédait autrefois douves, fossés, pont-levis et mail. C’est vers le milieu du XIXe que l’architecte rennais Jacques Mellet restaure le logis façon Renaissance avec tours et tourelles.
Sa façade ainsi que la cour principale seront à nouveau modifiées après la dernière guerre.

Vers 1890, sa chapelle de style néo-roman est entièrement redécorée par le peintre rennais Jobbé-Duval. Malgré les diverses interventions au cours des siècles, plusieurs pièces du château ont conservé des éléments authentiques remarquables dont une cheminée au manteau richement sculpté.

Le château comme sa chapelle ont été et sont toujours propriétés privées.

CHÂTEAU DES BRETONNIÈRES
(XVIIE-XIXE SIÈCLE)

 

Le 1er manoir, détruit pendant les guerres de la Ligue (1568-1598) et reconstruit en 1601 – partie Ouest et Nord actuelle – devient propriété et logis du Sieur André Morel. La tour carrée, pavillon à cinq niveaux desservi par un escalier à vis en bois, devait remplir une fonction de tour de garde. La 1ère chapelle est datée de 1598, comme l’indique sa pierre de fondation remontée dans la chapelle actuelle (1871).

Vers 1830, la famille Berthois, originaire de Vitré, fait construire la partie Est et rhabiller le reste dans le style néo-Renaissance. L’architecte n’est pas connu, mais la fidélité archéologique indique qu’il connaissait parfaitement les œuvres du Val de Loire. Cuisine et office dissimulés en sous-sol, au même niveau que la cave, prennent jour par un système de cour anglaise, moderne pour l’époque. Certains éléments du décor architectural – garde-corps, chapiteaux et épis de lucarne, en terre cuite, ou encore la cheminée de la bibliothèque sont considérés comme des éléments remarquables.

Le château est une propriété privée.

CHÂTEAU DU BOIS LE BEAU
(1862-1880)

 

Château édifié à l’ouest d’un manoir figurant au cadastre de 1824 mais démoli vers 1875. Son corps central a été construit en 1842 ainsi que ses communs au nord et une orangerie à l’ouest pour la famille de La Plesse, de Vitré.

En 1872, ajout d’une serre chauffée et d’un atelier d’artiste, pour Alexandre de La Plesse.

En 1875, construction de deux pavillons aux extrémités du logis, d’une écurie à l’est et d’une conciergerie en forme de chalet au sud. Le Bois-Beau est conçu comme une maison des champs, le corps central étant accosté de deux ailes basses formant terrasse, entre deux ailes de communs
de style néo-toscan.

En 1880, ajout d’un étage et de toits en pavillon à la française sur les ailes latérales, d’une conciergerie en forme de chalet (deux logements), et d’une chapelle de style néo-roman entre 1890 et 1900.

Le château est une propriété privée.

Les maisons remarquables

Il existe à Erbrée une vingtaine d’anciens manoirs ayant chacun une histoire propre. Ces manoirs privés évoquent bien, pour la plupart encore, les anciennes demeures rurales avec leur cour fermée et leurs jardins répartis autour de la maison à laquelle chaque génération imprime sa marque.

 

Le Manoir de La Grande Ravenière (XVIe siècle)

Propriété privée, il est construit en 1532 comme en témoigne la date portée sur l’arc de la porte d’entrée. Il a été transformé au XVIIIe siècle et conserve encore plusieurs bâtiments anciens.

 

Le Manoir de la Goderie (XVIe-XXe siècle)

Propriété privée, il a appartenu en 1626 à Isaac HAY, recteur d’Erbrée se disant seigneur de La Goderie. Une de ses cheminées a été déplacée au château des Nétumières vers 1950.

Ajoutée dans les années 70, on peut noter une lucarne disproportionnée.

 

Le Manoir de la Picotière (XVIe – XVIIIe siècle)

Probablement construit au XVIe, il possédait autrefois sa chapelle privative et une orangerie. Il a été depuis remanié.

 

Le Manoir du Grand Chalonge (XVIe siècle)

Il a été rénové dans les années 1980.

 

Les anciens manoirs

– l’Oilinière (fin du XVIIe)
– la Ramerie (date inconnue)
– la Brosse (XVe)
– du Bois Blin (XVe) dont la chapelle a été reconstruite en 1771
– la Ravenière (date inconnue)
– la Tourbillonnière ou de l’Estourbillonnière (XVIe)
– Rallay (fin du XIe)
– la Tournetière (date inconnue)
– la Huperie (XVe)
– Chardronet (date inconnue)
– Poncart (XVIe)
– la Touche-Boutël
– la Mulletière ou de la Meltière (XVIe)
– Monteboeuf ou de Mont-le-Bœuf (XVe)
– la Grande-Houguetière ou de la Houguelière (XVIe)
– Laufrerie ou de l’Auffairie (date inconnue)

5 moulins étaient en activité en 1830 (Rideux, Geslin, Paintourteau, Le Libaret, La Haie).

(L’orthographe des lieux-dits a évolué avec le temps.)